.: Les dernières brèves : > This ancient blog is currently being reactivated within a new technical and legal frame under www.topicsandroses.org... (Le lundi 25 août) Glad to welcome you here, please indulge many modifications in the next period until the autumn 2009. Welcome, read, share... and enjoy ! - > Main dans la main contre le mariage forcé, campagne européenne. A Saint-Denis en région parisienne le 7 juin (Le samedi 7 juin)

Dans le cadre de la Campagne Européenne « Main dans la Main contre les mariages forcés » Le Centre Culturel TAWHID en partenariat avec SPIOR organise une conférence/débat soutenue par la municipalité de Saint-Denis.

Samedi 7 juin à 14h00 à la Bourse du Travail de Saint-Denis 11, rue Genin 93200 Saint-Denis Métro Porte de Paris (ligne 13) Entrée libre

Intervenants :

- Marianne VORTHOREN, représentante de la ville de ROTTERDAM, membre de SPIOR.

- Hamida BEN SADIA, militante associative.

- Fabienne SOULAS, maire adjointe de Saint- Denis déléguée aux droits des femmes.

- Yacob MAHI, docteur en sociologie.

- > Femmes Palestiniennes entre souffrances et résistances (Charleroi, Belgique) (Le dimanche 6 avril)

Dans le prolongement de la Journée internationale de la femme,

les associations « Marianne » et « Femmes Musulmanes de

Belgique » mettent à l’honneur la femme palestinienne.

Femmes Palestiniennes

entre souffrances et résistances

Dimanche 6 avril 2008 à 15 h

Accueil dès 14 h.

Salle « La braise », rue Zénobe Gramme, 21 à 6000 Charleroi

INFOS : 0473/286 375 - 0486/721426 fmbcharleroi@yahoo.com

Stand de livres - Salon de thé

Intervenantes :

Marianne Blume, enseignante à Gaza durant 10 ans. Auteur du livre « Gaza dans mes yeux. »

Dominique Waroquiez, membre de l’Association belgo-palestinienne à Bruxelles.

Renée Mousset, Présidente de l’Association belgo-palestinienne de Liège

Exposition des photographies de Véronique Vercheval évoquant la vie quotidienne en PALESTINE.

- > 14 mars : “RACISME, IDEOLOGIE POST - COLONIALE ... ET LES FEMMES DANS TOUT CELA ?” (Bruxelles) (Le dimanche 9 mars)

DANS LE CADRE DE LA SEMAINE D ACTIONS CONTRE LE RACISME COORDONNE PAR LE MRAX

Il y a une nécessité, aujourd’hui, de mener une réflexion concernant la question de « l’idéologie post - coloniale » dans notre société. En effet, c’est à travers un « imaginaire colonial » et des stéréotypes faussés que sont appréhendés les « immigrés post coloniaux », que l’on continue de considérer comme des « sous citoyens », et qui subissent chaque jour une exclusion économique, sociale et politique. Par ailleurs et dans une perspective féminine, il s’agira de mettre en évidence l’instrumentalisation de la question du genre et plus particulièrement de la "femme arabe, musulmane, immigrée", à des fins soi disant féministes, tout en questionnant l’attitude d’un certain « féminisme hégémonique » qui place la femme "blanche", "occidentale" dans un rapport de domination avec les femmes « racisées » [1], et qui dessert la cause de celles qu’il prétend libérer, comme le soulignent les tenantes d’un féminisme postcolonial.

En tant qu’association féminine, cette forme de « racisme » nous interpelle puisqu’elle rend compte d’un mécanisme de domination : l’enfermement des dominés dans leurs "différences" et qui produit de multiples formes de discriminations dans la société belge. C’est dans cette perspective que L’association Femmes Musulmanes de Belgique [2] , en partenariat avec l’association Loqman organisent une rencontre :

“RACISME, IDEOLOGIE POST - COLONIALE ... ET LES FEMMES DANS TOUT CELA ?” Le vendredi 14 mars 2008 à 19h30

Aux Facultés Universitaires St Louis Auditoire 1 Boulevard du Botanique 43,1000 Bruxelles

Avec :

- Nadine PLATEAU (Membre de SOPHIA et militante féministe)

- Houria BOUTELDJA (Porte parole du Mouvement des Indigènes de la République)

- Tariq RAMADAN (Professeur d’islamologie à Oxford, professeur invité à Rotterdam et Senior Research Fellow au Japon et à la Lokahi Foundation à Londres)

- Radouane BOUHLAL (Président du MRAX) Le débat sera modéré par Sophie LEONARD (Commission Islam et Laïcité)

- > Resisting Women vous Propose JEUDI 31 JANVIER 08 une Rencontre autour du Livre "Le Coran et les femmes : Une lecture de libération" d’Asma Lamrabet (Le jeudi 31 janvier)

La problématique de la "femme musulmane" est depuis longtemps prise en otage entre deux perceptions extrêmes… Celle d’une approche islamique conservatrice très rigide et celle d’une approche occidentale, ethnocentrique et islamophobe. En réponse à cela, se dessine parmi une partie des croyantes musulmanes un nouveau mouvement qui entreprend une relecture du Coran à partir d’une perspective féminine et qui se donne pour objectif de retrouver une véritable dynamique de libération de l’intérieur même de la sphère islamique, dans la perspective d’une "revalorisation" du statut de la femme musulmane.

Dans le cadre du Réseau Resisting Women – Femmes En Résistance et du site www.resistingwomen.net

Vous êtes invité-e-s à une rencontre autour du livre

Le Coran et les femmes : Une lecture de libération

Jeudi 31 JANVIER 2008 de 20H00 à 22H30 Au CEDETIM - 21ter rue

Voltaire - 75011 PARIS (France)

Entrée Libre

Pour tout renseignement, veuillez nous contacter au 06.62.73.78.79

Avec la participation de :

- Asma Lamrabet : Médecin et intellectuelle engagée sur la question de la femme en Islam. Ouvrage le plus récent : Le Coran et les femmes : Une lecture de libération (2007)

- Nadia Oulehri : Avocate au Barreau de Rabat et Présidente de l’association « Action Femmes Juristes ».

-             .: Articles récemment publiés : > MEXICO : MUJERES EN RESISTENCIA, DECLARACIÓN DE OAXACA () - > Why "Topics&Roses" ? (2007) - > La longue marche des femmes en Iran (1er février 2007) -
ISLAM / DOCUMENT EXCLUSIF

Intervention d’Asma Lamrabet lors du débat organisé par Resisting Women à Paris le 31 janvier 2008

lundi 18 février 2008 par Asma Lamrabet

Version imprimable de cet article Version imprimable
Un document majeur, à faire circuler. Il s’agit du texte de l’intervention de Asma Lamrabet lors de la passionnante rencontre animée par Resisting Women le 31 janvier 2008 à Paris autour de son dernier livre "Le Coran et les femmes : une lecture de libération", et dont elle était l’invitée d’honneur ensemble avec l’avocate Nadia Oulehri...

Navigation rapide

Je voudrais tout d’abord remercier le réseau Resisting Women pour l’organisation de cette rencontre autour de mon dernier livre Le Coran et les femmes : une lecture de libération… Cette invitation, je tiens à le préciser, est une invitation que je ressens comme étant avant tout une invitation au partage… au dialogue… à l’empathie… Valeurs universelles partagées par la grande majorité silencieuse de notre humanité, mais qui sont malheureusement en déperdition actuellement malgré le fait que nous vivons tous dans un monde hypermediatisé et hypermondialisé supposé nous rapprocher humainement parlant, mais qui en réalité ne fait que creuser des abîmes culturels entre les peuples... Je tiens aussi à exprimer ma solidarité à la philosophie qui sous-tend ce mouvement qui se veut avant tout un lieu de rencontre et d’expression de la résistance des femmes à toutes les oppressions et ce, quels que soient leurs natures, leurs origines ou leurs idéologies…

Diverses motivations ont été à l’origine de cet essai sur le Coran et les femmes… La première est celle qui indique d’où je parle… On vient toutes et tous de quelque part, et ce quelque part constitue toujours un point de repère psychologique à partir duquel on s’exprime et qui, une fois extériorisé, permet à l’autre de mieux nous appréhender… Et donc l’intention première, celle qui m’anime en tant que femme et être humain, est avant tout celle d’une ’’quête de sens’’ et d’une émotion profondément spirituelle…

Je ne saurais donc passer sous silence cet ’’état d’âme spirituel’’ qui est devenue la source dont je puise toutes mes forces… mais tout en étant consciente de la vulnérabilité auquel cela peut m’exposer… Je dois donc avouer sincèrement et avec beaucoup d’humilité que sans ce ressourcement, la lutte qui est actuellement la mienne n’aurait plus de sens… C’est donc à partir d’un certain ressourcement au cœur de l’islam que je m’exprime…Celui d’un Islam qui tel que je tente de le comprendre aujourd’hui, tel que je tente de le vivre, spirituellement et humainement parlant aussi, ne saurait être source d’oppression de la femme ni de l’homme, par le simple fait que, et à l’instar des autres révélations monothéistes et de toutes les spiritualités, il a été justement révélé afin de libérer les êtres humains, tous les êtres humains, sans distinction de sexe, de race, ou de classe sociale, de toutes les servitudes quelle que soit leur nature…

Toute lutte, tout combat, naît forcement d’un contexte donné, d’une oppression sous-jacente, d’une passion, d’une prise de conscience, d’une exigence de justice…La mienne s’articule autour de toutes ces dimensions tout en étant celle d’une croyante qui est convaincue de la complexité certes, mais aussi de l’insondable présence d’une justice divine… Cependant, ce positionnement de croyante qui est le mien me force à accepter et respecter tous les autres choix, toutes les autres luttes, que leur dimension soit purement humaniste, athée ou agnostique, qu’importe, puisque l’univers de la spiritualité est justement le lieu infini de toutes les diversités et de toutes les libertés de choix…

L’autre motivation, et qui peut paraître liée à la première, est celle de ma particularité de femme maghrébine, qui, à l’instar des autres femmes de cette région, est celle d’une culture hybride, à la fois musulmane, maghrébine, occidentale… source à la fois d’une richesse culturelle intarissable mais aussi et si souvent source de conflits et de crises identitaires difficiles à dépasser, surtout de nos jours où la stigmatisation de l’autre est devenue une force politique de domination extrêmement puissante… C’est pour cela sans doute qu’en rencontrant quelques-unes de ces femmes françaises et d’origine maghrébine, ici même à Paris, nous avons de part et d’autre partagé les mêmes sentiments, ressenti les mêmes douleurs et rêver ensemble d’un monde meilleur, celui où… vivre une spiritualité musulmane féminine serait un peu moins difficile, voire un peu moins douloureux… Je me suis un peu retrouvée dans le désarroi culturel de ces jeunes femmes en France, car elles étaient un peu le prolongement et le miroir des femmes maghrébines du pays et, personnellement parlant, d’un certain vécu qui est le mien…

C’est donc en assumant quelque part l’héritage de cette pluralité culturelle et identitaire que j’essaye aujourd’hui de porter un regard critique sur finalement ces deux cultures, l’une musulmane et l’autre occidentale, chose qui n’aurait pas été facile si j’étais restée enracinée dans une seule.

Et c’est donc de ce vécu qu’il s’agit, le mien et de beaucoup de ces femmes, qui ont été éduquées à vivre l’islam comme une tradition contraignante, tout en subissant en même temps les bienfaits et les méfaits d’une modernité très attrayante par ses slogans de liberté et d’émancipation… Le choix pour beaucoup de musulmanes serait facile à première vue, mais il reste très difficile pour la majorité d’entre elles, celles qui aspirent justement à vivre un équilibre émotionnel entre leur aspiration à une spiritualité sereine et leur aspiration légitime à s’émanciper et à rester libres. C’est tout le dilemme du sens de la modernité aujourd’hui et il n’est pas étonnant de retrouver la question de la femme musulmane au cœur du débat sur la modernité dans la majorité des sociétés musulmanes.

Et c’est dans ce cadre là, celui du débat actuel sur la femme en islam, que cet essai veut contribuer modestement… Il s’agit donc d’abord et avant tout d’une tentative de réappropriation culturelle de la parole féminine en islam, une tentative de libération de l’intérieur de l’islam, mais qui en même temps se veut en rupture avec le modèle traditionaliste et conservateur d’une certaine lecture de l’islam.

Il faudrait que l’on refuse de rester dans ces schémas binaires et réducteurs qui font que la femme musulmane devrait choisir entre une certaine vision rigoriste et littéraliste de l’islam et donc l’enfermement, et une modernité supposée n’appartenir qu’à une vision ethnocentrique de l’Occident... Le seul choix possible et imaginable reste finalement celui qui nous « somme » en quelque sorte, en tant que musulmanes, de rompre avec nos racines et notre passé afin d’accéder à une véritable émancipation…

Or, la modernité n’est pas de rompre avec le passé mais plutôt de rehausser notre rapport à ce passé… Il ne s’agit pas non plus de s’y enfermer dans une lecture passéiste d’idéalisation… Mais de le relire avec cohérence et réalisme car justement c’est en son nom que l’on a voulu – et que l’on veut toujours - nous imposer une culture d’asservissement de la femme au nom du sacré… On a trop longtemps justement utilisé ce passé et notre ignorance sur ce qu’il a vraiment été afin de justifier toutes les discriminations et toutes les coutumes archaïques envers les femmes musulmanes.

Mais avant d’aller plus loin dans ce propos je voudrais quand même tenter d’éclaircir quelques points :

-  Quoique le statut des musulmanes est assez déplorable en terre d’islam, il faudrait à ce sujet savoir relativiser les faits et reconnaître les avancées qu’ont connues certains pays musulmans par rapport à d’autres… Car prétendre, comme il est devenu actuellement admis dans le métadiscours sur l’islam, que la femme musulmane est l’icône culturelle universelle de l’oppression, que son statut social est le même partout et qu’il détient la palme d’or de la précarité, c’est méconnaître profondément, d’abord, la réalité de la situation des femmes à travers le monde et puis ignorer ou refuser de voir les différents contextes socio-économiques de chaque pays musulman et, dirais-je, de chaque culture. Car s’il reste vrai que l’islam est UNE question culte et dogmatique, il est multiculturel, et peut être complètement différent dans le vécu socioculturel d’une contrée à l’autre… Le statut de la femme en Afghanistan n’est pas celui de la Tunisienne, et la Marocaine n’est pas la Saoudienne ni la Malaisienne ou l’Indonésienne…
-  On ne saurait donc cautionner ce genre de discours essentialiste à connotation fortement colonialiste et aux relents orientalistes, où comme l’ont souligné certaines féministes françaises comme Christine Delphy, sexisme et racisme s’imbriquent de façon insidieuse. C’est malheureusement ce genre de discours qui, tout en stigmatisant l’oppression de l’Autre au vu sa différence culturelle (discours dénoncé par les féministes postcoloniales), impose une sorte d’hégémonie intellectuelle et s’accapare le monopole de l’universalité. L’oppression des femmes est universelle et chaque contexte sociopolitique et géographique est caractérisé par ses propres rapports de domination : cela va de la violence physique à la discrimination économique et politique, en passant par l’énorme industrie de l’exploitation sexuelle (qui ceci dit est passée souvent sous silence), à l’avortement sélectif des petites filles asiatiques (90 M de femmes manquantes en Asie) et jusqu’à la traite des blanches en plein cœur de l’Europe… Devant ces constats effroyables, vouloir stigmatiser ou hiérarchiser les oppressions est franchement intolérable car cela implique que certaines oppressions sont moins acceptables que d’autres du simple fait de leur appartenance culturelle… La violence envers les femmes aux Etats-Unis d’Amérique n’est pas analysée comme un fait culturel, encore moins est-elle racialisée, mais elle y est analysée comme un fait pathologique que l’on se doit de traiter rationnellement, alors que le meurtre des femmes au Mexique, dans cette ville devenue la capitale du féminicide - Ciudad Juarez-, serait inhérent à la culture mexicaine dévalorisée car moins civilisée. Et suivant la même logique, l’assassinat de ces femmes mexicaines sera évidemment moins médiatisé que la lapidation d’une musulmane car cette dernière est devenue un véritable étendard politique qui sert de « faire valoir » au discours hégémonique occidental. Il ne s’agit pas ici de diaboliser tout l’Occident et de le considérer comme ce bloc monolithique qui n’aurait d’autre objectif que de dénigrer l’islam à travers le déferlement de critiques médiatisées jour et nuit… La critique est dirigée envers un système hégémonique combattu par de nombreux occidentaux eux-mêmes car il est contraire aux principes d’éthique et de respect de l’Autre sur lesquelles s’est consolidé la démocratie en Occident.
-  Et dans le même sens, il ne faudrait pas tomber dans l’autre excès, à savoir celui qui, au nom de la préservation des différences culturalistes, cautionne les pires discriminations envers les femmes comme le fait un certain discours islamique malheureusement en expansion dans les pays arabomusulmans, lequel utilise « l’alibi religieux » pour justifier les restrictions apportées aux droits de femmes et l’utiliser ainsi comme principal garde-fou devant toute tentative de réforme.

C’est donc loin de ces deux visions, qu’il faudrait considérer une voie alternative qui privilégie la convergence intellectuelle et l’approche réaliste de la complexité de la problématique de la femme en islam. D’abord il serait utile de rappeler que le contentieux entre les femmes et religions- toutes les religions- est vieux et universellement connu et qu’aucune n’échapperait à la règle. Dans chaque configuration religieuse, il y a des arguments qui justifient l’exclusion et ou la discrimination des femmes, et aucune lecture religieuse n’est exempte de cette universelle prévalence de l’homme sur la femme ni de la récurrence des préjugés sexistes avec leur lot de stéréotypes et de réflexes misogynes bien ancrés dans les mentalités, et cela y compris dans les sociétés dites "sorties du religieux"…

À l’instar, donc, de ce qui s’est passé ailleurs, il existe dans l’islam un décalage évident et profond entre le message spirituel et la réalité sociale d’une part, et le discours islamique prédominant d’autre part. Pour celui ou celle qui fait une lecture profonde et holistique des textes scripturaires de l’islam, il est aisé de retrouver un message clair et net quant à l’égalité femmes –hommes, quant à l’initiative originale du Coran d’ériger des modèles de femmes d’abord en tant qu’être humain à part entière, de femmes en tant que telles et non pas en tant que modèles enfermés dans des fonctions sociales uniquement de relais… On y retrouve aussi des exemples de femmes dont le modèle de gouvernance est mis en exergue pour sa sagesse, sa lucidité et son esprit d’initiative. Des femmes comme « gardiennes du monothéisme » et symboles du sacrifice, de la lutte contre les despotismes et de la libération (exemple de Hajjar et du pèlerinage qui est l’un des cultes les plus importants en islam, qui se fait en souvenir de cette femme et pour commémorer son histoire). Des femmes comme Maryam ou Marie qui symbolise le mysticisme musulman dans toute sa splendeur et qui selon le Coran prend place dans ce Mihrab – niche haut lieu des maisons de Dieu- réservé normalement aux seuls hommes prêtres…

On retrouve aussi dans le Coran des réponses à des revendications féminines très courageuses pour l’époque et qui, croyez-moi, seraient impensables aujourd’hui… Des revendications de femmes qui critiquaient le ton un peu trop masculin du Coran et auquel la révélation répond sans hésitation par des versets qui tiennent compte du féminin… Or, actuellement, toute approche critique des interprétations est considérée comme illicite et cette culture de l’esprit critique dans la pensée islamique a d’ailleurs disparu depuis bien longtemps…

Sans parler des versets qui incitent les femmes à la participation politique et sociale, et l’insistance du prophète de l’islam à faire participer les femmes dans toutes les actions et les différentes alliances de l’époque.

Il les incitait à être présentes dans les mosquées considérées alors comme un important centre sociopolitique de l’époque, aux côtés des hommes et non pas séparées ou reléguées dans… des petits recoins, obscurs et surtout à l’abri des hommes, comme on le voit actuellement dans les mosquées dites modernes…

Et que dire de cette incitation au savoir, à l’érudition et à l’éducation qui est une obligation de cette religion, obligation autant pour les femmes que pour les hommes, et qui contraste aujourd’hui avec le taux élevé de femmes musulmanes analphabètes dans le monde.

Alors que s’est-il donc passé pour que la réalité de la femme en islam soit à ce point aujourd’hui en déphasage par rapport aux avancées préconisées par le message ?

Il y aurait plusieurs niveaux de réponses :

D’abord le caractère réfractaire de la mentalité arabe bédouine qui, il ne faut pas l’oublier, se sentait « dépositaire » de ce message puisqu’il était en arabe. Et même si le caractère universel du message est évident, les arabes de l’époque ont, du fait de l’esprit clanique et tribal qui les animait, largement instrumentalisé cette question de la langue arabe afin de cautionner leur prédominance sur tous ceux qui étaient non arabes… Ils étaient devenus les gardiens légitimes du sacré et cela va se percevoir plus tard essentiellement dans la gestion du politique.

Cette marginalisation manifeste des femmes est une dimension politique importante, puisque du fait de leur exclusion, elles ne participeront plus à la production intellectuelle du savoir religieux. Elles ont été considérées par les pouvoirs politiques en place, non habilitées à méditer sur le fait religieux. De ce fait, leurs apports, leurs idées, leur réflexion, leurs voix, leurs intérêts, vont êtres absents de la pensée islamique. N’ayant pas participé au processus intellectuel et juridique islamique, qui deviendra le monopole exclusif des hommes, elles vont se retrouver les premières victimes des lois préjudiciables à leur statut de femme.

Quelque temps après la mort du prophète, à partir des Omeyyades, qui ont inauguré la première dynastie autocratique arabe (et depuis nous n’en sommes plus sortis), le pouvoir politique arabe va détourner tout le potentiel libérateur de l’islam, basé essentiellement sur la justice et l’équité. Ce potentiel sera donc dévié en leur faveur à l’aide de certains oulémas au service du pouvoir qui vont mettre en place toute une institution religieuse officielle avec son corollaire de concepts et de principes à relents religieux dont la fameuse « obéissance » obligatoire du musulman au gouvernant qui depuis deviendra comme une obligation religieuse d’ordre divine.

C’est donc l’instrumentalisation du religieux par le politique et de là l’union explosive d’un patriarcat arabe culturellement prédominant avec l’autocratie et son lot d’exactions, qui feront de la femme la première victime, et la victime de choix, des sociétés musulmanes.

Le statut de la femme va donc rester figé selon des normes juridiques élaborées par des juristes musulmans hommes depuis le 9ème siècle , un statut fixé une fois pour toute par la jurisprudence islamique comme étant une donnée immuable.

Le colonialisme en terre d’islam a été le coup de massue porté au sort des femmes puisque, en en voulant se protéger contre l’intrus, le monde arabo-musulman va d’abord enfermer la femme pour la protéger des valeurs apportées par un colonisateur venu entre autres la libérer… La colonisation était perçue comme une intrusion dans l’intimité du colonisé. Or, l’intimité en terre d’islam était essentiellement représentée par la femme qu’il fallait donc à tout prix éloigner de tout ce processus de modernisation apporté par le colonisateur dans ses valises… En colonisant ces peuples musulmans, on a voulu au nom de la liberté, de la civilisation et du progrès, imposer par la force des armes à ces peuples un mode de vie et des valeurs extrinsèques aux cultures locales qui étaient elles-mêmes minées par un profond retard civilisationnel… Les valeurs qui ont forgé la renaissance de l’Occident, avec ses droits de l’homme, ses fondements démocratiques, ses véritables espaces de liberté et qui ont été bénéfiques à ses propres peuples, n’ont pas été perçus de la sorte en terre colonisée puisqu’‘elles restent contradictoires avec la philosophie de la colonisation qui a été une vaste entreprise impérialiste.

Ces valeurs- là donc, comme la laïcité, la démocratie, les droits de la femme, ont encore et jusqu’à présent une forte connotation colonialiste dans l’imaginaire collectif musulman puisque une certaine politique occidentale hégémonique continue d’utiliser les mêmes concepts : l’invasion américaine de l’Irak et de l’Afghanistan au nom de la liberté et de la démocratie est une piètre comédie de l’hypocrisie occidentale et d’un occident donneur de leçon de morale…mais toujours allié incontournable de toutes les dictatures arabes.

Evidemment et concernant cette question de la femme en islam, nous n’allons pas nous cacher derrière un slogan très utilisé et très confortable intellectuellement parlant, qui fait dans le leitmotiv "tout est la faute à la colonisation" ou "tout est la faute de l’Occident"… Loin de là, j’estime humblement que le monde islamique est dans la majorité des cas responsable de ce qui lui arrive…

Et concernant cette problématique particulièrement, et malgré sa forte imbrication avec le politique, il faudrait que les femmes reprennent la parole et revendiquent leurs droits légitimes… La relecture des sources qui fait partie de ce vaste projet de réformisme est en train de prendre forme car elle permet, tout en déconstruisant le discours misogyne, de dénoncer sans ambages de nombreuses affirmations longtemps mises à tort sur le compte de l’islam tel que : les mariages forcées, l’excision, la violence conjugale, la répudiation, l’obéissance au mari, le statut de mineure à vie, la polygamie comme droit supposé de l’homme… Elle permet aussi d’exiger au nom même des références islamiques le droit à la liberté d’expression, le droit à l’éducation, au travail, à l’indépendance matérielle, de rappeler qu’en islam, le voile est un choix spirituel personnel qu’en aucun cas il ne doit être imposé, que le choix du partenaire est un droit inaliénable et que le divorce doit être un droit partagé. Il est vrai que les exigences sont nombreuses et déjà on peut affirmer que rien ni personne n’arrêtera cette évolution même si les progrès sont lents, que les résistances sont énormes et ce principalement de la part des femmes, trop longtemps éduquées à garder le silence et à avaliser les injustices au nom du sacré.

La lecture réformiste concernant la femme en particulier se veut donc avant tout comme un processus de changement éducatif partiel, qui en procédant par étapes inciterait à une revalorisation de l’identité féminine musulmane trop longtemps dépréciée et à la construction d’une nouvelle image positive de la femme musulmane. C’est aussi un moyen d’exprimer des revendications féminines dans un langage qui confère aux femmes une certaine légitimité : celle du langage spirituel, longtemps seul apanage d’une élite savante exclusivement masculine.

Il est cependant important de noter que ce travail ne peut se faire qu’en respectant les dynamiques internes transversales aux sociétés musulmanes et dont l’islam en tant que religion est une donnée incontournable. D’ailleurs, toutes les tentatives de réforme quant au statut de la femme musulmane entreprises dans de nombreux pays n’ont pas réussi jusqu’à présent à instaurer une véritable dynamique d’égalité en droits car elles ont généralement fait l’impasse sur ce qui constitue le véritable traitement de fond, à savoir une réforme radicale de la jurisprudence islamique.

Les femmes musulmanes sont au cœur de tout ce processus de transition vers la modernité. Et leur oppression, même si elle n’est pas inhérente au message spirituel, est fortement intrinsèque à une lecture culturelle misogyne de cette même religion, où finalement se sont imbriqués un grand nombre de paramètres dont l’autocratie, le patriarcat et le néocolonialisme…

Le ressourcement dans une spiritualité libératrice est important dans des sociétés où le religieux est un référentiel fondamental, mais la question qui reste à poser est : Comment peut-on relire les sources et y retrouver cet élan de libération dans des sociétés qui restent dans leur majorité fortement oppressives politiquement parlant ? Il faudrait donc que la revendication féminine qui s’inscrit au cœur de l’islam et qui vise à réactualiser l’égalité et l’équité entre hommes et femmes s’articule aussi autour des argumentaires des droits humains et du discours démocratique universel. Ces projets de réforme n’auront aucune chance de réussite s’il n’y a pas de lutte pour plus d’espace de liberté et de démocratie dans les sociétés musulmanes, toutes plus ou moins verrouillées par des régimes autoritaires… C’est donc dans ce processus politique que se retrouve la question de la femme musulmane et non pas seulement dans sa dimension strictement religieuse…

L’oppression des femmes musulmanes, c’est aussi celle des femmes dans la mondialisation. Et au Nord comme au Sud, ce sont finalement les mêmes luttes qui se font et qui se défont, et ce malgré les différences culturelles et les rapports de domination particuliers à chaque contexte… Chaque mouvement social féminin, de là où il vient, de là où il parle, a sa manière particulière de lutter… A partir de son histoire, de ses références, il a ses propres défis, ses propres stratégies, ses priorités, ses contraintes et ses espérances …Et c’est tout en apprenant les unes des autres, des défaites des unes et des avancées des autres que l’on arrivera tous et toutes, autant que nous sommes, occidentales, musulmanes, du Nord ou du Sud, à transcender nos particularismes afin de rejoindre l’universalité de nos causes…

Asma Lamrabet, texte de l’intervention faite le 31 janvier 2008 à Paris lors du débat organisé par le collectif Resisting Women-Femmes en Résistance

L’INVITATION

La problématique de la "femme musulmane" est depuis longtemps prise en otage entre deux perceptions extrêmes… Celle d’une approche islamique conservatrice très rigide et celle d’une approche occidentale, ethnocentrique et islamophobe. En réponse à cela, se dessine parmi une partie des croyantes musulmanes un nouveau mouvement qui entreprend une relecture du Coran à partir d’une perspective féminine et qui se donne pour objectif de retrouver une véritable dynamique de libération de l’intérieur même de la sphère islamique, dans la perspective d’une "revalorisation" du statut de la femme musulmane.

Dans le cadre du collectif "Resisting Women – Femmes En Résistance"

et le site www.resistingwomen.net

Vous êtes invité-e-s à une rencontre autour du livre

Le Coran et les femmes : Une lecture de libération

Jeudi 31 JANVIER 2008 de 20H00 à 22H30 Au CEDETIM - 21ter rue Voltaire - 75011 PARIS (France)

Entrée Libre

Pour tout renseignement, veuillez nous contacter au 06.62.73.78.79

Avec la participation de :

- Asma Lamrabet : Médecin et intellectuelle engagée sur la question de la femme en Islam. Dernier ouvrage paru : Le Coran et les femmes : Une lecture de libération (2007)

- Nadia Oulehri : Avocate au Barreau de Rabat et Présidente de l’association « Action Femmes Juristes ».

Pour lire l’introduction du livre, cliquez ici.

Tous les articles de Asma Lamrabet sur ResistingWomen.Net

Son site personnel

D’autres articles de Asma Lamrabet suivis de riches forums auxquels vous pouvez participer sur Oumma.com


Mots-clés

Accueil du site | Contact | Plan du site | Espace privé | Statistiques | visites : 283708

Suivre la vie du site fr  Suivre la vie du site THEMATIQUES  Suivre la vie du site Laïcité, Religions   ?